Le patrimoine industriel européen de la Première Guerre mondiale

Colloque international – Du 06 au 08 décembre 2018

La Première Guerre mondiale a considérablement marqué l’histoire de l’Europe. Elle a été caractérisée par un effort sans précédent de la production industrielle, qui constitue aujourd’hui un patrimoine européen commun. Le patrimoine industriel de la Première Guerre mondiale semble cependant être invisible : il n’est pas identifié ni même défini comme tel, alors que cette guerre s’est différenciée par le recours massif aux techniques industrielles, tant dans le domaine de la production d’armes, d’avions que de produits chimiques à des fins militaires, que dans le domaine civil en particulier pour la production agro-alimentaire.

Quelle définition ?

Le patrimoine industriel de la 1e Guerre mondiale est celui des usines et de toute infrastructure – ferroviaire, portuaire, aéroportuaire, électriques… – construites pendant la guerre pour répondre à l’effort de guerre ou assurer la survie des populations. Il peut être constitué d’usines ou d’extensions d’usines créées spécifiquement, et il concerne aussi des usines déplacées en raison des combats et réinstallées, moyennant des adaptations, dans d’anciens sites industriels en zone libre. Les traces matérielles peuvent aussi être celles de plans urbains hérités des bases militaires comme celles américaines en France. Il concerne l’ensemble des acteurs de cette guerre, « alliés » et « ennemis ». Sans doute existe-t-il aussi un patrimoine immatériel, des films ou des témoignages recueillis sur cette production de guerre, qui a vu notamment la participation massive des femmes.
Nous limitons volontairement le champ aux industries qui ont été mises à contribution pendant la guerre pour l’effort de guerre et qui ont dû s’agrandir ou construire de nouveaux espaces. Il ne s’agit pas d’aborder le thème de la Reconstruction, qui a déjà fait l’objet de travaux.
Deux journées d’études consacrées à ce thème ont été organisées en décembre 2017 en France, et ont permis de dégager des premiers éléments de réflexion pour le cas français. Ainsi, les différents cas étudiés ont permis de souligner que selon les entreprises, les choix architecturaux avaient variés : maintien d’une architecture de prestige et soignée, recours à des techniques et matériaux de faibles qualités dans un contexte de pénurie ou encore usage de la préfabrication légère (structure métallique et brique) dans d’autres cas. Dans le premier cas, l’entreprise misait sur la réutilisation du lieu après le conflit car celui-ci devait être court, ou à l’inverse, à partir de 1917, parce qu’elle pensait qu’il allait bientôt se terminer. Dans le dernier cas, il s’agissait surtout de construire vite de grands espaces adaptés à des productions comme la mécanique ou la fabrication des obus. La question de la conservation de ces bâtiments et de leur patrimonialisation a également permis de montrer que beaucoup d’édifices construits pendant la Première Guerre mondiale ont été détruits pendant la Seconde Guerre mondiale, ou plus tard, dans le contexte d’extension des usines pour répondre à la croissance du marché, ou à l’inverse, après la crise économique, dans le vaste mouvement de destruction des sites industriels abandonnés. L’intérêt des travaux ont été portés sur ceux qui restent : très souvent, les propriétaires actuels ignorent l’histoire de leur usine et son importance historique ; il en est de même des services de l’État pour qui ce critère ne figure pas dans les grilles d’analyse patrimoniale. Dans quelques cas, rares, le lien avec la Première Guerre mondiale est mis en valeur et constitue même un motif de visite.
Les caractéristiques architecturales, économiques et politiques dans lesquelles ont été construits les sites industriels de la Première Guerre mondiale justifient pourtant pleinement leur reconnaissance, aux côtés des cimetières et des champs de bataille.
L’organisation d’un colloque international, le premier sur ce thème, s’impose afin d’établir un état des lieux des traces matérielles existant encore aujourd’hui et d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur la nécessité d’assurer leur conservation. Il participe également à la construction d’une histoire et d’un patrimoine commun européen.

Programme

Formule d’inscription

Informations pratiques

Jeudi 06 décembre 2018
  • Médiathèque de l’architecture et du patrimoine
    11, rue du Séminaire de Conflans, Charenton-le-Pont
Vendredi 07 décembre 2018
  • EHESS (Amphi François Furet)
    105, boulevard Raspail, Paris
Samedi 08 décembre 2018
  • Hôtel de l’industrie
    4, place Saint-Germain-des-Prés, Paris

Contact

cilac@cilac.com