Alla Ricerca del patrimonio industriale di Venezia : Industrie, fabbriche. Un filo Rosso
Vendredi 7 février 2020 de 14h-18h – Demi-journée d’étude
Organisée par Christophe Austruy (CRH/ISG Paris), Gianluigi Fontana (Università degli Studi Padova) et Paola Lanaro (Università Cà Foscari Venezia)
Venise pose une question originale au champ des études sur le patrimoine industriel tant son développement touristique actuel a quasiment effacé toutes les traces, restées actives jusqu’au siècle dernier, des industries qui s’étaient développées au cours du temps sur son territoire urbain, et dans les îles toute proches de la lagune.
De surcroît son paysage architectural et urbain semble marqué par un conservatisme multiséculaire, à la limite de l’immuable dont l’histoire si longtemps glorieuse de la Sérénissime aurait fini par figer en les idéalisant le souvenir de son ancienne vitalité industrielle d’autrefois et les traces de ses infrastructures laborieuses de la fin du Moyen-Âge ou du début de l’époque moderne, pour mieux nous apparaître aujourd’hui comme la « ville-monde » musée par excellence.
Mais Venise peut aussi proposer des pistes originales à la recherche sur le patrimoine industriel en obligeant la recherche à investir les nombreuses marges délaissées de la ville. Si les industries traditionnelles du XIXe cadrent mal avec le cadre promotionnel actuel de la Sérénissime (entre« fumée, crasse et misère » selon l’expression de François Crouzet), elles ont été aussi des actrices modernes importantes de la ville à l’époque, moins visibles car reléguées dans les quartiers périphériques, du nord de la ville dans le quartier de Castello, dans celui de la Giudecca, de Cannareggio, de Santa Croce, de Dorsoduro, ou sur la Terra Ferma à Marghera, etc. de la construction navale, aux grands moulins, à la manufacture de tabac, aux abattoirs, aux infrastructures portuaires, au complexe pétrochimique, etc.
Aussi le champ vénitien est-il propice à des interrogations sur l’origine et la définition d’un patrimoine industriel qui ne se réduirait pas au XIXe siècle et aux premières décennies du XXe : par son histoire et sa durée, Venise oblige à nous poser la question des bornes temporelles de la discipline et fondamentalement celle de la naissance de l’industrie et de ses paysages.
Une de ses réponses emblématiques et de ses contributions majeure à la discipline pourrait être de montrer une continuité historique entre les formes organisationnelles de l’activité productive et de la culture matérielle. Elle déroule parfaitement au cours des siècles les séquences qui partent de l’entreprise artisanale, pour aller vers le modèle manufacturier et enfin pour aboutir aux industries contemporaines.
Et ce d’autant que la ville dispose aux mêmes époques avec peu de discontinuité historique, du triptyque clé du patrimoine industriel composé d’un bassin de population et de travailleurs, d’un pool d’activités industrielles et d’un réseau de transport, mais aussi des capitaux prêts à s’investir pour saisir et développer les innovations à partir desquelles créer de nouveaux marchés (par exemple l’imprimerie ou le verre). Elle nous permet enfin d’arrimer la culture matérielle et ce qui l’a toujours nourrie et fait vivre, la culture immatérielle et le travail. Les activités productives humaines liées à chaque époque et à chaque industrie dessinent ainsi une part du paysage et du patrimoine industriels.
Lieu
Aula Saraceno
Fondamenta S. Giobbe, 707
30121 Venezia VE, Italie